Les couples en situation d’infertilité se sentent souvent incompris. Ils n’osent pas en parler autour d’eux et finissent par s’isoler pour se protéger du regard des autres. Pourtant, même si l’entourage est parfois maladroit, il cherche en général à être bienveillant. Frère, sœur, maman, amie, j’avais envie aujourd’hui de leur donner la parole. Que ressentent-ils ? Quel regard portent-ils sur ces parcours difficiles ? Et comment font-ils pour aider ? Découvrez la PMA vue par les proches.
Quelle est la personne de ton entourage concernée par la PMA et quel est son parcours ?
Je m’appelle Thibaut, j’ai 22 ans et je suis le frère de Kevin.
Mon frère Kevin et sa femme ont commencé leur parcours PMA il y a 3 ans, après avoir essayé d’avoir un enfant naturellement pendant un moment.
À force de ne pas y arriver, ils ont décidé de consulter un spécialiste. Ils ont effectué plusieurs examens et ont découvert des problèmes chez chacun d’entre eux qui peuvent expliquer leurs difficultés à concevoir leur bébé.
À ce jour, ils ont eu recours à plusieurs FIV, malheureusement sans succès pour l’instant.
Martine, 61 ans. Je suis maman de deux filles.
Une de mes filles a eu recours à plusieurs stimulations ovariennes pendant plusieurs mois, sans succès. Puis après une première insémination artificielle, elle a réussi à tomber enceinte. Elle est aujourd’hui l’heureuse maman d’une petite fille.
Lucie, 24 ans. Je suis la sœur de Justine.
Ma sœur Justine et son conjoint ont fait une FIV il y a 2 ans et ½ et sont les parents d’une magnifique petite fille. Ils ont traversé des moments difficiles pour y arriver. Justine est tombée plusieurs fois enceinte auparavant, malheureusement, ses grossesses se terminaient très tôt en fausse-couche. Ils ont fait plein d’examens pour identifier le problème, mais ils n’ont jamais vraiment su d’où cela venait. Ils ont finalement eu recours à la FIV qui a très bien fonctionné au 1er transfert.
Valérie, 56 ans, maman de Stacie.
Ma fille était déjà suivie depuis longtemps pour des soucis de santé au niveau gynécologique. Quand elle a eu un désir de grossesse et qu’elle n’arrivait pas à tomber enceinte, elle a décidé de faire des examens complémentaires avec un centre de PMA pour comprendre d’où venait la difficulté. À la suite de ça, ils sont dirigés vers une FIV. Ma fille doit subir un traitement lourd de stimulation d’hormones et son conjoint un recueil de sperme, pour ensuite réaliser une fécondation en éprouvette et transférer un embryon dans l’utérus. Malheureusement, ils ont connu plusieurs échecs. Ils changent de région et poursuivent leur parcours dans un nouveau centre PMA. Des examens complémentaires, une petite modification dans le traitement et une reprise de confiance, et notre petit miracle est enfin arrivé ! Notre petite Juna fait le bonheur de ses parents et de ses grands-parents.
À quel moment de son parcours as-tu appris ses difficultés pour avoir un bébé ?
Thibaut :
Je suis très proche de mon frère. Il m’a confié assez rapidement ses problèmes pour avoir un bébé. Nous avions appris peu de temps avant qu’un autre frère avait aussi des difficultés pour avoir un enfant. Au vu des circonstances, le médecin de Kevin m’a conseillé de réaliser moi aussi des examens.
Martine :
Ma fille m’a toujours tenue au courant de ses difficultés à avoir un bébé.
Lucie :
Ma sœur est tombée enceinte rapidement après le début des essais bébé, et a fait l’annonce à la famille au bout d’un mois. Quelques semaines après, malheureusement, elle nous apprenait qu’elle était en train de faire une fausse-couche, la première d’une longue série. Notre famille a donc été au courant de tout depuis le début. Elle a continué à se confier sur ses autres grossesses et fausses-couches puis elle nous a parlé de leur traitement en FIV très facilement et librement.
Valérie :
Ma fille s’est très vite confiée à moi. Dès le début, je posais beaucoup de questions. Je savais que c’était des traitements lourds et contraignants entre les échographies, les injections… et qu’elle ressentait des effets secondaires difficiles à supporter (mal au ventre, sautes d’humeur…). À cela, il faut rajouter la douleur de subir des échecs quand les résultats de transfert sont négatifs, et l’incompréhension et la déception quand le labo annonce des embryons de bonne qualité, mais qu’elle n’est toujours pas enceinte. Et pour finir, devoir supporter les annonces de grossesses autour de soi, les amies, la famille est extrêmement difficile.
Comment as-tu réagi à cette nouvelle ? Comment te sens-tu en général face à l’infertilité de ta fille/sœur/frère/ami(e)… ?
Thibaut :
Quand mon frère m’a parlé pour la première fois de leurs difficultés, j’ai été très triste pour eux. Je suis persuadé qu’ils seront de merveilleux parents quand ils auront enfin leur petit bébé. De manière générale, l’infertilité me fait peur. Je vois mes frères concernés et leurs parcours difficiles. Je suis assez inquiet de m’imaginer devoir passer par ces épreuves pour devenir papa à mon tour.
Martine :
Ma fille était en parcours PMA et mon aînée, déjà maman d’un petit garçon, faisait une fausse-couche. C’est une période pendant laquelle je m’inquiétais beaucoup pour mes deux enfants. De mon côté, je n’ai pas connu l’infertilité. J’ai eu 3 enfants sans difficultés, mais j’ai aussi perdu un bébé à 5 mois de grossesse.
Alors je ne posais pas trop de questions, mais j’écoutais et je compatissais.
Lucie :
On était tous dévasté d’apprendre les problèmes d’infertilité de Justine. C’est l’aînée de la famille et elle a toujours voulu être maman. C’était la première à tomber enceinte et nous étions tellement contents pour elle. Et puis toutes ces fausses-couches ont été si difficiles.
Son parcours pour avoir un bébé a duré des années, ça a été très compliqué pour elle. On a essayé d’être présent au maximum.
Valérie :
J’étais décontenancée. J’ai moi-même rencontré des difficultés dans mon parcours pour devenir maman. J’ai perdu un bébé en début de grossesse avant ma fille, et des jumeaux avant de tomber enceinte de mon fils. Cependant, j’ai eu mes enfants sans traitement. Mais j’ai eu peur de lui avoir transmis quelque chose. Je me suis posé des questions.
Depuis l’annonce de l’infertilité, reparlez-vous librement et souvent de ce sujet ensemble ?
Thibaut :
Mon frère et sa femme restent assez discrets sur le sujet. Ils n’en parlent plus trop. Je pense que c’est aussi pour ne pas se rajouter une pression supplémentaire. Mais ils savent que nous sommes tous avec eux, que nous les soutenons dans leur parcours, même si nous n’en parlons pas souvent ouvertement.
Martine :
Mes deux filles se confiaient facilement sur leurs difficultés. Il n’y a pas eu de tabou.
Lucie :
Nous avons toujours été très proches et Justine s’est confiée tout au long de son parcours. On parlait de tout très facilement, il n’y a jamais eu de tabou. Elle me parlait de chacune de ses grossesses.
J’essayais de ne pas mettre le sujet sur le tapis au cas où elle ne souhaitait pas en parler.
Une fois qu’elle abordait d’elle-même le sujet, on en parlait librement, on lui posait des questions…
Depuis qu’elle a eu sa fille, on ne parle plus beaucoup de cette période difficile. Nous savons qu’elle se questionne sur son désir d’avoir un deuxième enfant et ses peurs de devoir repasser par toutes ces étapes, mais on en parle moins.
As-tu fait des choses pour l’aider dans son parcours ?
Thibaut :
Concrètement, j’essaye de les soutenir moralement, d’être là pour eux, mais je me sens impuissant face à tout ça. J’essaye d’être présent le plus possible pour eux. Ils savent que je suis à l’écoute s’ils en ont besoin. Je leur rappelle par des petites attentions, des petits messages, qu’ils ne sont pas tous seuls dans ce parcours.
Martine :
Je restais toujours disponible pour les écouter et les consoler. Les accompagner aussi. Depuis, heureusement, elles ont eu chacune une fille.
Lucie :
On ne sait pas toujours ce qui peut réellement aider. J’ai essayé d’être présente au maximum, je lui ai rendu visite à l’hôpital lors de son curetage.
Je lui ai dit que j’étais là. Je l’ai écouté sans juger ni interférer dans ses décisions.
Pendant sa FIV, j’étais moins présente géographiquement mais, on s’appelait beaucoup. Elle a fait une hyperstimulation et a dû être hospitalisée. J’ai essayé de la soutenir de mon mieux, à distance.
Valérie :
Je me suis sentie impuissante face à la situation. J’aurais voulu faire un bébé et lui donner pour pouvoir enlever cette souffrance dans son regard.
Découvrez aussi : Des idées réconfortantes pour soutenir une amie en PMA.
As-tu été maladroit(e) par moment ? Des phrases ou situations que tu regrettes ?
Thibaut :
Je ne pense pas qu’on se rende vraiment compte de ce qu’ils traversent à moins de l’avoir déjà vécu !
Martine :
Mon expérience m’a aidée à connaître les paroles à éviter.
Il ne faut pas demander à chaque fois « alors ? C’est bon ? ». Sinon, le sentiment d’échec est pire.
Lucie :
C’est difficile de trouver les mots justes quand on ne vit pas ces difficultés, cette douleur.
Je ne sais pas si j’ai été maladroite. Certaines fois, je me disais que j’aurais dû être plus présente, demander plus de nouvelles. Mais en même temps, je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie en abordant le sujet.
Pendant le parcours PMA de Justine, une autre sœur est tombée enceinte. C’était un moment très délicat. Nous ne savions pas comment lui annoncer cette nouvelle. C’est moi qui l’ai fait et je ne sais pas si j’aurais pu mieux faire cette annonce. Ça a été très compliqué pour elle et pour nous tous.
Valérie :
Ce n’est pas évident de trouver les bons mots pour remonter le moral. Je pense que tant qu’on n’a pas vécu cette situation, on ne peut pas réellement se mettre à leur place.
Quels conseils peux-tu donner à des proches de couples en PMA ?
Thibaut :
Ce n’est pas facile à accepter pour un couple de devoir passer par la médecine pour avoir un enfant. Et puis le parcours PMA n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut encourager, soutenir. Même si le chemin est long et difficile, ce n’est qu’une question de temps.
Je suis sûr que mon frère et sa femme vont réussir. Ils vont finir par trouver le protocole qui leur conviendra et nous serons les plus heureux pour eux.
Martine :
L’accompagnement est très important. Ça peut être plein de choses : faire des petits cadeaux, envoyer des messages d’amour, faire un voyage en voiture et discuter… Je pense qu’il faut rester à l’écoute et leur dire qu’on est là pour eux.
Lucie :
Il faut déjà comprendre que la PMA est une étape difficile mentalement et physiquement. Les personnes concernées souffrent beaucoup. Il faut les encourager à se battre, à ne pas baisser les bras, car ça vaut le coup.
C’est difficile de donner des conseils précis, car chaque couple et chaque parcours est différent. Et puis quand on n’a pas vécu tout ça, on ne peut pas toujours comprendre dans quel état ils sont. Il faut aussi accepter qu’il y ait d’autres moments où la personne ne veuille pas se confier.
Écouter et être présents au maximum sont les conseils les plus importants à mes yeux.
Valérie :
En parler quand ils en parlent, mais ne pas insister si vous sentez que ce n’est pas le bon moment. Ils n’ont pas toujours envie de répéter les mêmes choses.
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