Témoignage changement centre PMA

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Marina, j’ai 39 ans, j’habite à une vingtaine de kilomètres de NANTES en Loire-Atlantique. Je suis en couple depuis 6 ans, pacsée depuis bientôt 3 ans et maman de deux petites filles : Ysée et Victoire, des fausses jumelles, qui auront 2 ans en avril. Je suis clerc de notaire, mais j’ai mis ma carrière professionnelle en pause en étant en congé parental depuis la naissance des filles.

Quand as-tu démarré ton parcours PMA et pour quelle raison ? 

Avec mon conjoint, nous devions faire un super voyage d’un mois au Vietnam en mars 2020, le dernier beau voyage à deux avant de démarrer les essais bébé, et malheureusement le COVID en a décidé autrement. Le voyage étant annulé et sachant que nous ne pourrions pas nous permettre de poser à nouveau 1 mois de vacances de sitôt, nous allions mettre à profit cette période de confinement (lol). A ce moment-là, j’avais 35 ans… ouais je n’étais pas en avance pour un premier enfant (et surtout pour une femme qui se voyait avec trois enfants). Mars, avril, mai, juin, juillet, pas de bébé, je fête mes 36 ans et ça me met un petit coup de pression…”Et si je prenais un rendez-vous avec le gynéco pour m’assurer que tout est en ordre chez moi ?”

 On me fixe un rendez-vous mi-octobre. Sur le moment je trouvais ça long…Quand on veut un enfant, on s’imagine l’avoir tout de suite et on n’a pas envie d’attendre (que j’étais naïve à l’époque). Lors de ce rendez-vous, le gynécologue me dit qu’à première vue, tout semble ok chez moi, me prescrit une prise de sang pour faire un bilan hormonal et chose à laquelle je ne m’attendais pas, prescrit un spermogramme et un caryotype pour mon conjoint et me fixe un rendez-vous un mois plus tard pour faire le point. Ayant 36 ans j’étais convaincu que le problème venait de moi et je ne pensais pas que le cas de mon conjoint serait évoqué dès ce premier rendez-vous. Nous n’avons pas eu besoin d’attendre ce second rendez-vous pour savoir qu’il y avait un gros souci du côté de mon conjoint. Les résultats du spermogramme nous donnent quelques frayeurs pour les non-initiés que nous sommes. 

Nous revoyons le gynécologue un mois plus tard qui nous confirme qu’il sera très difficile de concevoir un enfant naturellement mais se veut très rassurant sur le fait que la médecine peut nous aider. Un nouveau spermogramme devra être réalisé trois mois plus tard (encore attendre… que c’est long) qui ne sera pas mieux que le précédent… nous avions notre ticket d’entrée pour la PMA.

Peux-tu nous partager ton parcours pour avoir tes filles ?

Tout s’est fait très vite, lors de ce rendez-vous pour faire le point sur ce deuxième spermogramme, on nous présente les différentes méthodes : insémination artificielle, FIV IMCI, FIV ICSI. De par mon âge et la situation médicale dans laquelle nous sommes, on s’oriente vers la technique qui nous donnera les meilleures chances de réussite, la FIV ICSI. Je repars avec mon ordonnance et je commence les injections… dès le lendemain. C’est à ce moment-là que commence pour moi l’ascenseur émotionnel. 

Lors des échographies de contrôle et prise de sang… tout se passe pour le mieux, je suis hyper confiante… La ponction se déroule bien et on m’annonce que 13 ovocytes ont été ponctionnés. Mais waouh, je suis trop contente : 13 !!! j’en suis convaincue, je touche du doigt mon rêve de toujours, celui de devenir maman. A ce moment précis je suis remontée à bloc… Le lendemain, le laboratoire m’appelle : 6 embryons se sont développés. Whaaat !!!! Avec 13 ovocytes, je m’attendais à avoir pas loin de 13 embryons. Je redescends de mon nuage. Trois jours plus tard, je rappelle le laboratoire : 3 autres embryons se sont développés en plus des 6 autres. Cette nouvelle me rassure tellement… ”Mais oui Marina, t’as eu un coup de stress, mais au final t’as quand même 9 embryons”. 5 jours après la ponction, c’est le jour du transfert d’embryon, le laboratoire m’appelle le matin et me dit qu’il ne reste finalement que 2 embryons. Pouah, alors là je suis complètement abattue. Tout ça pour ne donner que 2 embryons !!!! Je suis dans l’incompréhension totale, tout fonctionnait tellement bien au départ. Là, j’ai vraiment eu un très gros coup de stress. Je ne le montre pas à mon conjoint, mais cette nouvelle me perturbe énormément. Le transfert se fait et on me dit de rappeler le laboratoire le lendemain car peut-être que d’autres embryons seront conservés. Et ça sera le cas, deux autres embryons auront pu se développer correctement. Bilan de la première FIV : 4 embryons. 

Je suis quand même confiante, le gynécologue me dit que les embryons sont de très bonnes qualité. Là j’en suis sûre, sur les 4 embryons, il y a en a forcément un qui va s’accrocher. Et puis peut-être que sur ces quatre embryons… j’ai déjà la fratrie de 3 enfants que je m’imagine depuis toujours….

Le premier transfert est un échec. J’enchaine direct dès le mois suivant, c’est à nouveau un échec. Je veux enchaîner direct avec un troisième transfert (en mode machine de guerre), mais on me dit non. Au prochain cycle, on me programme une hystéroscopie. Dans ma tête, je me dis “allez encore un mois de perdu”. L’hystéroscopie se fait, tout est parfait, donc le troisième transfert est prévu pour le cycle d’après et pour mettre toutes nos chances de notre côté, on décide de transférer les deux derniers embryons en même temps. 

La confiance n’est plus vraiment là envers la clinique de PMA, une petite voix intérieure me dit d’anticiper les choses et d’envisager de changer de centre de PMA. La veille de ce troisième transfert, j’ai un rendez-vous dans une nouvelle clinique. Ce troisième transfert est à nouveau un échec et en parallèle, tout se met en place dans la nouvelle clinique. Je vois direct qu’ils sont super organisés et ça me rassure énormément. 

Début juillet 2021, une journée d’examens médicaux et de rendez-vous est fixée. Le même jour, je fais une prise de sang, une échographie pelvienne, une hystéroscopie, un examen gynéco, nous rencontrons l’anesthésiste et le médecin du laboratoire de PMA. Il n’y a pas de perte de temps, ça me plait. 

Je fête mes 37 ans (tic tac tic tac…. toujours pas de bébé, la pression monte d’un cran). Nous sommes en été, le laboratoire de PMA déménage et s’installe dans des locaux tout neuf, mais en conséquence, le labo ferme pour 1 mois (attendre encore et toujours). Je commence les injections mi-août et la ponction est prévue pour le 1er septembre 2021. Je suis maintenant beaucoup plus armée pour l’ascenseur émotionnel. Bilan de la 2ème FIV : 3 embryons. 

J’ai un petit coup au moral, car j’ai changé de centre pour qu’au final je me retrouve avec un embryon de moins que la dernière fois “Marina, as-tu vraiment fait le bon choix… ?” On transfère à nouveau deux embryons en même temps. Et quelques secondes avant le transfert, la gynéco me dit ces phrases qui me font comme un électrochoc : “Vous savez qu’il y a de grandes chances que ça fonctionne, et vous savez aussi que vous avez de grandes chances d’avoir des jumeaux ?”. Elle semblait si sûre d’elle que ça m’a insufflé une confiance de dingue. Je suis repartie du centre en étant convaincue que cette fois-ci serait la bonne. 10 jours plus tard, j’apprenais que j’étais enceinte, c’étaient des jumelles. 

Pourquoi être parti dans un autre centre PMA et qu’est-ce que tu retiens de ce changement ?

Dans un parcours PMA, je pense qu’il est primordial d’avoir une grande confiance non seulement envers le gynécologue mais également envers toute l’équipe qui est amenée à intervenir dans ce protocole (secrétaire, laboratoire…). Dans le premier centre de PMA, je suis tombé sur un gynécologue extra, très très à l’écoute, très patient et très doux. Je suis contente malgré tout d’être tombée sur lui pour mon entrée dans la PMA, car au-delà du médecin, je le trouvais très humain. Mais j’ai commencé à douter de plein de choses. Quelques exemples : 

1/ Entre le 1er spermogramme et le 2ème (donc sur une période de 3 mois), le gynécologue avait prescrit à mon conjoint de faire des injections chaque jour à petite dose, de Gonal F. A chaque fois que nous allions à la pharmacie récupérer les injections, on nous regardait avec des yeux tout ronds… genre… c’est bizarre cette prescription. Par deux fois, les pharmaciens ont appelé le cabinet pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’erreur dans la prescription. Du coup je me suis mise à chercher sur internet, j’ai passé des heures sur les forums, les blogs, les sites internet, j’ai même appelé un autre centre de PMA (dans lequel je suis allée par la suite) pour leur demander ce qu’ils en pensaient. Bref : Nulle part, je n’ai trouvé ce genre de traitement prescrit à un homme. J’ai commencé à me dire… j’espère que le médecin ne tente pas un truc en mode cobaye, voir si ça peut influer sur les résultats d’un spermogramme. Peut-être que ça se fait dans d’autres cliniques, et je me suis sûrement inquiétée à tort, mais je n’ai trouvé aucune information à ce sujet sur internet et ça m’a beaucoup questionnée.

2/ Avant le premier transfert, on me demande si je veux faire l’embryoglue (découvrir notre article sur l’embryo glue) ce que j’accepte. Comme j’ai enchaîné avec un deuxième transfert le mois d’après, on ne m’a pas reposé la question de l’embryoglue et j’en ai déduit que si j’ai dit oui une première fois… d’office, ils le font à chaque fois. J’arrive pour faire le transfert et je demande si l’embryoglue a été faite et on me dit que non, personne ne leur à communiquer cette information. Là, je suis super agacée. Personne ne m’a posé la question et du coup, les chances de réussite diminuent. 

3/ Et un problème majeur… la secrétaire… c’est un bordel pas possible sur son bureau, il faut tout vérifier les papiers qu’elles nous donnent, car une fois sur deux, il y a des erreurs, elle signe certaines ordonnances (wahou ça ne me rassure pas du tout). Je l’entends parfois pas agréable du tout avec les patients au téléphone et on n’a pas le choix…. on doit fermer sa bouche, car c’est elle, c’est eux (l’équipe), qui nous permettront d’avoir un enfant, alors on ne veut pas se les mettre à dos. 

Pour toutes ces raisons (et pleins d’autres), il était plus raisonnable pour nous de changer de centre et retrouver la confiance en l’équipe médicale et en la clinique. C’est le conseil que je donnerais à toute femme (ou couple) en parcours PMA qui soit, perdrait confiance en l’établissement, ou qui enchainerait des échecs. Chaque clinique a sa façon de faire, des traitements différents, des techniques différentes, une organisation différente, le changement est salvateur. 

Qu’as-tu trouvé le plus difficile dans ce parcours ?

1/ Le fait de ne pas avoir la maîtrise des choses. “Et pourquoi ce traitement plutôt que celui-là ?” “je connais mon corps par cœur, je pense qu’il serait mieux de faire le transfert à cette date la…. pourquoi le fait-on 3 jours après ?” “La gynéco est absente, son collègue prend le relais mais je ne suis pas sa patiente… sera-t-il aussi consciencieux avec moi qu’avec ses patients ?”, etc…Il faut vraiment apprendre à faire confiance et ça, ça a été ultra compliqué pour moi.

2/ Le temps qui passe. Et il faut attendre le prochain cycle, et le gynéco est en vacances, et le centre de PMA ferme pour 15 jours/1 mois. J’ai appris à être patiente et à prendre du recul sur le temps qui passe. Ceci étant dit, je m’estime être ultra chanceuse d’être au final tombée enceinte aussi rapidement après le début de la PMA. 

Une anecdote rigolote ? 

Avant de commencer la PMA, j’étais phobique des piqûres et particulièrement des prises de sang. La première prise de sang que j’ai fait qui a initié le parcours de PMA, j’ai fait un malaise entre le laboratoire d’analyse médicale et mon domicile (genre il y avait 500 m), assise par terre, avec des passants qui venaient gentiment à mon secours, quand j’y repense… la honte. Je ne savais pas à ce moment-là que c’était la première d’une looooongue série, que j’allais même devoir me piquer moi-même. Que toutes les phobiques des piqûres se rassurent, on s’habitue à tout, même à ça.

Pour toi, qu’est-ce qui a fait que cela a marché cette fois-ci ? 

Dans le deuxième centre de PMA, il y avait des techniques qui n’étaient pas pratiquées dans le 1er centre et notamment les tests pré-imsi, pré-picsi, qui ne nous avaient pas été proposés dans le premier centre. Le test pré-imsi, c’est une analyse microscopique de la morphologie des spermatozoïdes avec un microscope super grossissant et il s’avère dans notre cas que 60 % des spermatozoïdes qui semblaient être morphologiquement bons présentaient en fait une anomalie, et ça, pour moi, c’est ce qui a fait toute la différence. Pour cette deuxième FIV, seuls les spermatozoïdes qui étaient morphologiquement bons au microscope super grossissant ont été sélectionnés.

La deuxième clinique disposait également de l’embryoscope dans lequel sont conservés les embryons en développement et qui est doté d’une caméra qui filme en permanence l’évolution des embryons. Les embryons ne sont donc pas altérés par une manipulation humaine.

Comment s’est passée ta grossesse ? 

Franchement, je trouve que j’ai eu une grossesse idyllique. J’ai eu la chance d’avoir à faire à une gynécologue qui m’a extrêmement bien suivie et qui m’a beaucoup préservée. Dès qu’elle m’a confirmée que j’étais enceinte de jumeaux, elle m’a tout de suite annoncé que je serai en arrêt à 4 mois de grossesse car une grossesse gémellaire, c’est une grossesse à risque, il ne faut pas attendre de ressentir la fatigue pour être arrêtée. J’ai été hospitalisée 10 jours avant mon accouchement en raison d’un risque de pré-éclampsie. Ça sera d’ailleurs la raison du déclenchement (en urgence) de mon accouchement à 36 SA + 2 jours

Est-ce qu’Ysée et Victoire connaissent leur histoire ? SI oui comment leur as-tu expliqué ? (un livre à nous recommander peut être ?)

Je parle de la FIV assez facilement dans mon entourage, mais je n’en ai pas parlé aux filles tout simplement parce qu’elles sont trop petites pour le moment. Je pense que je leur en parlerai quand elles commenceront à me poser des questions sur “comment on fait les bébés”.  Pour la 2ème FIV, nous avons utilisé les cartes étapes Baby Hope, ça m’aidera à illustrer mes propos.

As-tu fait appel à d’autres spécialistes hors PMA, comme par exemple des praticiens en médecine ?

J’ai vu un hypnothérapeute… alors clairement ce n’était pas pour moi. J’ai trouvé ça trop “perché”, je n’ai pas été réceptive à cette pratique. 

As-tu des livres, des sites, des comptes qui t’ont aidé dans ton parcours ? 

Je n’ai lu aucun livre traitant de la PMA, les sites internet j’y ai passé des heures dessus, mais je ne saurai en citer un en particulier. Une amie m’avait parlé de l’Instagram de Tata Gracyse qui à une époque faisait beaucoup de vidéos qui traitaient de la PMA avec humour et elle m’a fait mourir de rire. Par son Instagram, j’ai découvert l’Instagram de Baby Hope dans lequel je me suis pas mal identifiée, et maintenant que j’ai mes jumelles, je m’identifie également beaucoup avec l’Instagram d’After Baby Hope.

Quels conseils ou message aimerais-tu nous partager ?

Ne pas accueillir l’annonce d’une PMA comme quelque chose de négatif. Quand je parle de PMA autour de moi, on me dit souvent “La PMA, c’est le parcours du combattant” alors oui pour certains/certaines ça le sera, mais ce n’est pas le cas de tous et il faut rester dans cet état d’esprit. Ne pas commencer la PMA en se disant que ce sera ultra compliqué et que ça prendra des années parce que ça peut aussi se passer différemment. J’ai (presque) toujours pris la PMA positivement, comme une chance qui nous était donnée de parvenir à notre objectif de devenir parent. 

Ton mot de la fin !

Nous avons fait le transfert de notre troisième embryon il y a quelques semaines qui malheureusement n’a pas fonctionné donc… nous revoilà en PMA, prêts à en découdre avec cette 3ème FIV qui débutera très prochainement. J’y crois à fond, je l’aurai ma fratrie de 3 enfants. Ne jamais cesser de croire en ses rêves.

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