Témoignage #2 : Laëtitia

Je vous présente cette fois-ci Laëtitia alias @mesetoilesetmonfutur sur Instagram.

Merci pour le partage de ton histoire, qui a été long et éprouvant mais qui redonnera de l’espoir à beaucoup de femmes !

Bonne lecture !

Peux-tu te présenter : 

Bonjour Flavie,

Je m’appelle Laëtitia, j’ai 35 ans. J’habite dans le 78. En couple avec mon chéri depuis 2016, je suis belle-maman de deux ados de 13 et 15 ans et maman de Lyana depuis bientôt 8 mois.

Peux-tu nous partager ton parcours pour avoir ta fille Lyana ?

J’ai commencé les essais bébé en 2014 (j’avais 29ans) avec mon ex-conjoint. Dès l’arrêt de la pilule, je suis tombée enceinte. J’étais surprise et heureuse mais très rapidement, nous avons vécu notre première fausse couche… Nous ne nous y attendions pas du tout, ce fut un choc. Cette première fausse couche était ce qu’on appelle un œuf clair. Les taux Hcg était plutôt bas, il y avait bien un sac gestationnel mais il n’évoluait pas correctement et aucun embryon n’est apparu. Je l’ai perdu au bout de 6sa…

Nous avons tout de suite repris les essais. Et s’en sont suivies deux fausses couches précoces qu’on appelle grossesses biochimiques. En gros, il y a une accroche, le taux hcg n’évolue pas correctement et en général, tout s’arrête naturellement.

Dans notre malheur, nous avons pu rapidement commencer des examens puisque nous avons fait 3 fausses couches en 4 mois.

S’en sont suivis des tas de prises de sang, d’échographies, de caryotypes, d’hystéroscopies, de biopsies… Tout était normal sauf que j’avais un taux AMH un peu bas.

Au bout d’un an environ, je suis tombée enceinte de bébé8. Pour la première fois, il y a eu un embryon avec un cœur qui bat. Je me suis dis « Enfin, nous tenons notre chance, tout va bien se passer maintenant! ».  Mais son cœur s’est arrêté à 8sa… Le monde nous est tombé sur la tête. En deux secondes, il a fallu que je décide comment vider mon utérus, par médicaments (Cytotec) ou curetage. Paniquée par le curetage, j’ai choisi le traitement… Ce fut une des pires épreuves de ma vie : énormément de contractions douloureuses et beaucoup de sang. Je suis allée aux urgences et ils m’ont laissé dans un couloir avec les gens qui me dévisageaient, sans me donner d’antidouleurs, avec des contractions toutes les deux minutes, sans avoir le droit d’aller aux toilettes pendant cinq heures interminables… J’ai senti passer la poche dans ma culotte. On m’a renvoyé chez moi en me disant « Oh c’est bon, vous avez quasiment tout évacué. Au revoir. ».

J’ai eu un peu de mal à me remettre de la perte de mon (futur) bébé.  Mon conjoint commençait à vouloir faire une pause mais je n’arrivais pas : j’avais l’impression de perdre un temps précieux.

Nous avons changé de PMA pour aller à Poissy. J’y ai trouvé plus d’écoute et de compassion.

Malheureusement, le docteur nous disait juste de nous obstiner car, je cite : « Cela marchera à un moment ».

Nous avons vécu encore trois autres fausses couches et notre couple n’y a pas résisté. Le chéri en avait assez des câlins programmés et me disait qu’il fallait que je me fasse une raison, que je ne serai peut-être pas maman. Mais moi je ne pouvais pas… Je commençais à lui en vouloir et cela me faisait vraiment mal.

En 2016, je me suis mise en couple avec mon chéri actuel. Nous nous connaissions depuis 2012 mais sans se voir comme conjoints potentiels. Il connaissait mon parcours et était conscient que je voulais toujours être maman mais nous avions décidé de prendre notre temps (surtout qu’il avait eu des désagréments dans ses deux dernières relations et avait la garde complète de ses enfants).

J’ai repris la pilule mais je suis malgré tout tombée enceinte. Sur le moment, ce fut un choc car ce n’était pas prévu… Les prises de sang se sont enchainées, les échographies également et l’embryon se développait bien. Bébé 12 avait un cœur qui bat. Nous avons estimé que c’était probablement notre chance de fonder une famille mais le cœur s’est arrêté à 8 sa, comme bébé 8. Cette fois, je ne pouvais pas envisager de prendre le cytotec et j’ai opté pour le curetage sous anesthésie locale. Ce fut un moment pas vraiment agréable mais le personnel de Poissy a été au top (beaucoup de mots gentils, de mains sur l’épaule et je me rappellerai toute ma vie cette infirmière qui me caressait la main pendant l’opération pour calmer la douleur).

Avec tout ce chamboulement, je n’ai pas pensé à reprendre la pilule et le mois suivant, j’étais de nouveau enceinte. Là, j’ai eu peur. Pour la première fois dans ce douloureux parcours, je n’étais pas positive. Et tout s’est reproduit… Le cœur de bébé 13 s’est arrêté à 8sa également. Je n’ai pas eu l’autorisation de faire un autre curetage si rapproché. Malheureusement, le Cytotec n’a pas fonctionné. La gynécologue a voulu que l’on attende un peu pour voir si l’utérus allait se nettoyer seul mais j’ai fait une hémorragie dans la salle d’attente de la gynéco environ un mois après l’arrêt de la grossesse et j’ai dû subir un curetage en urgence sous anesthésie générale. Cette fois, j’ai eu peur… Je me suis réveillée pendant l’opération mais j’étais paralysée. Heureusement que le docteur a vu mes pieds qui frémissaient, ils m’ont rendormie.

Après cela, nous sommes retournés déterminés à Poissy et avons insisté pour faire une FIV. Le médecin a accepté et en Octobre 2017, j’ai pu faire une FIV ICSI GP (analyse du globule polaire des ovocytes) qui a révélé que 95% de mes ovocytes étaient porteurs de problèmes chromosomiques… Nous avons transféré un des deux embryons qui restait mais il ne s’est même pas accroché.

Ensuite, j’ai fait la biopsie Matricelab qui a montré que j’avais un profil de sous activité immunitaire au niveau de l’endomètre.

En Juin 2018, j’ai eu le transfert du dernier embryon : négatif. C’était fini pour moi, je n’aurai pas d’enfant portant mes gènes… Je ne voulais pas retenter une FIV avec mes propres ovocytes car j’étais persuadée que le résultat serait le même.

En Octobre 2018, nous sommes allés en République Tchèque, à Zlin pour un don d’ovocytes. Nous avons réussi à avoir deux embryons J5. Nous avons joué le tout pour le tout à la grande loterie de la vie en transférant les deux. Et Lyana s’est accrochée.

Qu’as-tu trouvé le plus difficile dans ce parcours ?

Le plus dur fut de ne pas se sentir soutenus par le milieu médical, de trop banaliser la fausse couche mais surtout de ne pas savoir si j’arriverai à être maman un jour.

Pour toi, qu’est-ce qui a fait que cela a marché cette fois-ci ? 

Je pense que le traitement de Matricelab a beaucoup aidé, ainsi que le don d’ovocytes. Et également, pendant la grossesse, j’ai pu avoir des piqûres de progestérone en plus des ovules vaginales, qui ont maintenues mon taux.

Comment s’est passé ta grossesse ?

Elle a été stressante du début à la fin.

Au départ, j’ai eu peur de la fausse couche. J’ai vécu une véritable angoisse lors de l’échographie des 8 sa (j’étais persuadée que son cœur serait arrêté aussi à ce stade). Pendant le premier trimestre, j’ai eu une grosse chute du taux de progestérone, j’ai dû me battre pour être écoutée…

Au deuxième trimestre, j’ai eu peur que le médecin nous annonce une malformation.

Au troisième trimestre, j’avais la crainte d’une mort in utéro…

J’ai fait une pré-éclampsie et j’ai encore dû me battre pour que l’on me prenne au sérieux. A 35+1sa, Lyana a été sortie par césarienne en urgence. Elle est restée deux semaines en néonat mais elle va bien.

Vas-tu plus tard expliquer à Lyana comment elle a été conçue ? 

Oui, tout à fait. Je lui dis de temps en temps déjà. J’ai confectionné un petit livre avec son histoire pour lui expliquer que c’est grâce à notre bonne fée Tchèque qu’elle a pu grandir dans mon ventre et faire de moi sa maman.

As-tu fais appel à d’autres spécialistes hors PMA, comme par exemple des praticiens en médecine ?

J’ai fait de l’ostéopathie, acupuncture, sophrologie et hypnose.

As-tu des livres, des sites, des comptes qui t’ont aidé dans ton parcours ? 

Le livre « Fausses couches vrai deuil » de Manon Cyr m’a beaucoup aidé et aussi d’ouvrir ma page Facebook Mes étoiles et mon futur pour raconter mon histoire et pouvoir soutenir les autres couples qui vivaient les fausses couches et étaient parfois perdus.

Quels conseils ou message aimerais-tu nous partager ?

Je pense qu’il faut s’écouter et surtout toujours garder espoir. Je suis persuadée que la roue tourne toujours et que l’on mérite toutes le bonheur de fonder une famille.

Choisi une question qui sera posée à la prochaine personne qui témoignera ici. 

Si le parcours durait trop longtemps, est-ce que tu envisagerais l’adoption ou le don d’ovocytes (ou y as-tu déjà pensé) ? 

Et voici la question de la précédente pour toi : « Si tu avais su que tu devrais passer par la PMA pour fonder ta famille, aurais-tu débuté les essais bébé plus tôt et pourquoi ? »

Oui c’est certain! Mais Lyana ne serait pas là… Alors je ne regrette rien, car c’est elle qui m’était destinée

One thought on “Témoignage de Laëtitia, fausses couches à répétition mais enfin maman !”

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